72.Hilkhoth Shabbath – Cours N72

Boné-Soter Construire-Détruire – Second cours

8 Janvier 2017 – Rav Mordekhay Saksik

Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.

Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.

Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.

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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh

Résumé du cours. Le cours audio est bien plus complet que le résumé. Le résumé ne dispense donc pas d’écouter le cours et les arguments développés.

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Ce cours est consacré à la Méla’ha de Boné. Il fait suite au cours précédent dans lequel nous avons entamé la Méla’ha de Boné.

Rappel :

• Boné : construire
• Sotèr : détruire.

On n’a pas le droit de construire pendant Chabbat, c’est l’une des trente neuf actions interdites de Chabbat (Mélakha). Et son inverse qui est de détruire. On l’a vu comme les Mélakhot suivantes qui sont doubles (une action et son contraire) : écrire – effacer ; coudre – découdre ; nouer – dénouer.

Chaque Mélakha nécessite d’être bien définie.

Définition de la Méla’ha de Boné : c’est l’amélioration du sol ou de toute chose qui est reliée au sol. Je fais une action qui va améliorer le sol lui même ou quelque chose qui est attachée au sol.

Toutes les Melakhot s’apprennent des travaux effectués lors de l’édification du Michkan : sanctuaire portatif qui servit aux Enfants d’Israël lors de leurs pérégrinations dans le désert. Le Chabbat est juxtaposé au Michkan (dans le texte de la Torah), ce qui nous apprend que les travaux (Mélakhot) interdits pendant Chabbath sont ceux effectués lors de la construction du Mishkan..

Nous avons, jusqu’à présent, étudié toutes les instructions relatives au Michkan en rassemblant le maximum d’éléments à l’édification de celui-ci. Il fallait des peaux, les colorer, des tentures faites à base de peaux de bêtes et tout autre élément qui engendraient plusieurs actions. Chaque action est une Mélakha (travail).

La Torah définit que le « travail » interdit le Chabbat est celui qui est mis en œuvre dans l’édification du Michkan.

Comment construit-on le Michkan ? Le Michkan est fait de poteaux qu’il fallait mettre dans le sol. Le fait d’enfoncer des poteaux dans le sol s’appelle édifier le Michkan et que je le je construis. Construire un Byniane (une construction) signifie « amélioration du sol« .

Deux remarques intéressantes ont été faites sur le Michkan :

1. Première remarque : Un Byniane (une construction) qui est temporaire, c’est une Melakha de Boné, pourquoi ? Dans le désert, le Michkan était tout le temps en train d’être monté et démonté pendant la pérégrination des bénés Israël.  Ce Michkan est appelé temporaire jusqu’à l’entrée de Am Israël en Erets. Toute étape dans le désert était provisoire et non fixe. On apprend donc qu’un Binyane temporaire rentre dans la Mélakha de Boné.
2. Deuxième remarque : Lorsqu’on construisait le Michkan, on ne mettait pas directement les poteaux dans le sol, il y avait des socles et des poteaux; les actions se faisaient en deux étapes :
   • 1) Prendre les poteaux et les mettre dans le socle qui n’étaient pas encore rattachés au sol, 2) mais après c’était destiné à les mettre dans le sol. De là, on apprend une règle que si je construis sur quelque chose qui est mobile et non fixe, ce n’est pas une Melekhet de Boné. La Méla’ha de Boné, il faut que cela soit fixe sur du sol.
   • Si je construis une plateforme sur du mobile, il n’y a pas la Mélakha de Boné. Dans le Michkan : l’étape était de mettre les socles dans les poutres. On fixait ça avant de les mettre dans le sol (et donc pourquoi est-ce déjà considéré comme une Mélakha ?). La réponse est : puisqu’on fixait ça avec pour but  de le fixer ensuite dans le sol, c’est considéré comme une construction directe dans le sol. Si mon but était de le fixer sur une base mobile sans avoir l’intention de le fixer sur le sol, ce n’est pas la Melakha de Boné. Boné est pour une construction fixe. 

Si je suis en train d’associer plusieurs éléments qui ne sont pas encore fixés sur le sol, et sans l’intention de les fixer dans le sol, ce n’est pas la mélakha de Boné.  Boné ressemble à la Melakha de Tofér (coudre). Boné c’est prendre plusieurs éléments et en faire un seul. Lorsqu’on construit un bâtiment, on pose des briques les unes sur les autres et que cela fait un seul élément, cela s’appelle construire. Mélakha de boné. Même si j’associe plusieurs éléments et au moment où je les associe, je ne suis pas encore sur le sol, puisque mon but après est de fixer le tout sur le sol, ça rentre dans la Méla’ha de boné.

Il y a six thèmes dans la Mélakha de Boné.

D’abord qu’est qu’on appelle « Boné » ? Les quatre cas de figure de la Mélakha de Boné ont été vus dans le cours précédent:

1. amélioration du sol lui même (par exemple égaliser le terrain),
2. construction dans le sol (faire un trou, des fondations),
3. construction sur le sol (former une construction),
4. améliorer un bâtiment déjà édifié sur le sol (rajouter à une onstruction existante; y compris une action simple car elle améliore).

Le point commun à ces cas est que je fais une action sur quelque chose qui est sur le sol.

Il y a quatre sujets

1. Ce qui est lié au sol
2. Ce qui est lié aux ustensiles. La Mélakha de Boné s’applique-t-elle aux ustensiles (kélim) ? Ce sujet peut empiéter dans une autre Méla’ha qui s’appelle Maké BéPatish, arranger les kélis, achever un travail.
3. Quatrième sujet : Fabriquer des tentes (Ohel) pendant Chabbat : sujet très vaste. Plusieurs cas de figures sur cette méla’ha. Il n’y a pas de construction à proprement parler dans ce cas, on n’assemble pas forcément plusieurs éléments. Mais, a-t-on droit pendant Chabbat de prendre un habit et l’étendre sur un poteau, comme une sorte de tente, ou ouvrir un parapluie, ou mettre une table sur des tréteaux, ou ouvrir une chaise pliante… Il y a toute sorte d’action dans lesquelles  je vais former pour faire une sorte de tente. Il ne s’agit pas de construire. Un habit ou autre qui est étendu et dans lequel on profite de cela en dessous.

Il y a différentes sortes tentes liées directement à la Méla’ha de Boné comme (OHEL = Tente)

• O’HEL ARAYE  = Tente provisoire.
• O’HEL KEVA’ = Tente fixe.

Toutes sortes de tentes, de fabrication de tentes, habits étendus rentrent dans la cadre de « Ohel », tente.

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Toute action qu’on va définir et qui va être boné, son inverse sera la Méla’ha de Sotèr. Toute action dans laquelle je vais détruire, pour transgresser Sotèr, il faut que transgresse la mélakha de boné lorsque je construits. La Méla’ha de Sotér nécessite une condition : la destruction de quelque chose déjà construite avec l’intention de reconstruire quelque chose de mieux.Une simple destruction ne s’appelle pas une Mélakha, ça s’appelle Mékalkel et c’est Patour de la Torah (non interdit par la Torah mais interdit par les Hakhamim).

Abîmer est Mékalkel. Détériorer quelque chose ne peut être une mélakha. Il faut que je détériore pour faire quelque chose de mieux c’est à dire construire un meilleur bâtiment, un mur, améliorer un étage ou autre. L’action de détruire (Sotèer) est pour que ultérieurement il y ait une reconstruction en mieux, c’est alors la Mélakha de Sotér.

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Nous allons développer les quatre cas de la définition de Boné mentionnés plus haut.

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A) Amélioration du sol lui même

Egaliser un sol pendant Chabbat :  il s’agit d’égaliser un terrain dans lequel il y a des petits monticules et des trous, je mets les monticules dans les trous, ou de la terre dans les trous pour égaliser. Egaliser un terrain est une action interdite pendant Chabbat qui entre dans la mélakha de boné. Puisque l’on prépare le terrain pour une éventuelle construction, c’est l’amélioration du terrain donc boné, entre dans la mélakha de la Thora.

Egaliser un champ que l’on va ensemencer, c’est la mélakha de ‘Horech (labourer/faire un sillon). C’est un autre acte. Faire un sillon, c’est une autre mélakha de Chabbat. Toute action faite pour améliorer le terrain pour mieux semer, c’est la mélakha de ‘Horech.

Un terrain qui n’est pas destiné pour être semé, un terrain ou l’on va construire, si une égalisation de terrain se fait, c’est donc une amélioration du terrain lui même. Mélakha de Boné.

Sur un terrain vague, il y a toutes sortes d’ordures, le terrain doit être dégagé pour commencer à construire sur le terrain. Avons nous le droit de les dégager ? Puisque ce sont des choses qui sont destinées à être enlevées, qui sont extérieures au sol, et qui ne sont pas directement liées au sol alors ce n’est pas boné.

Nous avons ensuite des décrets rabbiniques liés à cette Mélakha de Boné. Pendant Chabbat, avons nous le droit de balayer sur une surface qui n’est pas carrelée ? Les ‘Hakhamim ont craint qu’en balayant on pourrait au passage égaliser. En conséquence balayer une surface qui n’est pas carrelée est un interdit des ‘Hakhamim.

A-t-on le droit de jouer aux billes sur un terrain vague ? Pour jouer aux billes, il faut que le terrain soit droit. Les ‘Hakhamim interdissent de jouer sur une surface non carrelée de peur de l’égaliser pour pouvoir (bien) jouer. Le risque est aussi de boucher des petits trous avec de la poussière. C’est la mélakha de Boné.

Sur une surface carrelée, a-t-on le droit de balayer ? On peut balayer sur une surface carrelée, c’est Moutar (permis), car il n’est pas possible d’égaliser. Par contre dans une coure en terre on ne peut pas balayer.

Sur une surface carrelée, a-t-on le droit de laver le parterre ? Si c’est avec la serpillière, c’est interdit dans tous les cas de figures parce qu’on essore (Mélakha So’het). Laver le parterre même sans persillère (avec du savon …) est interdit car ce n’est pas aussi nécessiteux que balayer, cela peut attendre la fin de Chabbat. Néanmoins, si c’est un endroit qui est vraiment sali, alors on peut verser de l’eau et racler.

A-t-on le droit d’utiliser les lingettes pour bébés pour nettoyer le parterre ? Ce n’est pas permis parce qu’on a besoin du liquide qui sort des lingettes.

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B) Construire ou dans le sol :

Construire dans le sol implique de faire un trou pour cacher des objets dans le sol par exemple, c’est boné car on utilise le trou. Par exemple faire des fondations pour mettre des fondations, un poteau, c’est Boné. Faire un trou pour une utilisation: c’est Boné.

Par contre, si on fait un trou pour utiliser la terre; toute Mélakha a un but, le but de Boné est d’utiliser le trou pas la terre. Si on n’atteint pas le but, on ne transgresse pas l’interdit de la Torah, on est dans un cas de « Mélakha Shééna Tsérika  Lé Goufah » (une Mélakha qui n’a pas atteint le but de la Mélakha telle qu’elle était faite dans le Mishkan; utiliser la terre n’est pas le but, le but est d’utiliser le trou). Cela devient une interdiction des Hakhamim, et non plus de la Torah.

Cas pratiques :

– Planter une fleur dans un pot de fleur, c’est Boné parce qu’on fait un trou qu’on va utiliser pour mettre une fleur par exemple. Dès que je fais un trou en vue de l’utiliser c’est Boné. Si j’ai une fleur décorative (en plastique) déjà plantée avant Shabbath, le trou est déjà fait, j’ai le droit de l’enlever et la remettre car le trou est déjà formé avant Chabbath.

– Faire un trou dans la farine (Yom Tov) ou dans le sable sec, c’est moutar (permis) car le trou ne va pas rester, il n’est pas assez solide, la farine ou la terre va s’affaisser immédiatement. C’est interdit si le trou va tenir contrairement à la farine. Jouer au bac à sable pendant Chabbat, n’est pas mouksé parce que ceci est destiné pour jouer. Le fait de déplacer une pierre ou de la terre pour bloquer une porte n’est pas interdit parce que la pierre, ou la terre, est destinée à bloquer la porte ce n’est pas Mouktsé si elle est destinée à bloquer la porte.Si la terre est humide, le trou va se former alors on va entrer dans Boné.

– Fabriquer du fromage pendant Chabbat, c’est boné. Nous avons la Mélakha de Boné y compris dans les aliments, nous verrons ce cas en détail ultérieurement.

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Construire sur le sol :

C’est le cas classique, édifier un binyane (une construction).

Le fait de rajouter une lignée de briques sur un mur déjà existant avant Chabbath (même sans ciment), c’est améliorer le mur donc c’est interdit pendant Chabbath. Ceci est la Mélakha Déorayta (un travail interdit par la Torah) = Préparation du terrain.

Par contre si je déplacer une grande armoire d’un endroit à l’autre dans la maison, c’est permis pendant Chabbat parce que l’armoire n’est pas attachée au terrain. Ce n’est pas dans la construction de l’appartement.

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Améliorer un bâtiment déjà construit :

A-t-on le droit de planter un clou ou une vis dans un mur pendant Chabbath : Non ! C’est Boné parce qu’on améliore le mur (préexistant), mur qui est attaché au sol.

A-t-on le droit de mettre des ventouses pendant Chabbath ? C’est boné, même si les ventouses sont fragiles. C’est une amélioration de l’utilisation du mur donc c’est interdit pendant Chabbat. La ventouse s’adapte au mur, elle est liée, attachée au mur. Dans Boné, même si le lien n’est pas fort, et que ça me sert (comme la ventouse, je vais pouvoir accrocher une serviette par exemple), j’ai amélioré le mur et donc c’est interdit par Boné.

A-t-on le droit de remettre une porte qui s’est déboîtée, sur ses gongs (simples sans vis) ? La porte est attachée au mur, donc en la remettant c’est une amélioration de la maison, c’est boné. C’est un interdit de la Thora. Par contre, si c’est une porte d’une armoire qui s’est déboîtée, le fait de la remettre sur ses gongs, n’est pas Boné puisque l’armoire n’est pas liée au sol.

A-t-on le droit de remettre une fenêtre qui s’est déboîtée, sur ses rails ? C’est boné, car c’est une amélioration de la maison, c’est interdit pendant Chabbath.

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Durée du cours : 64 minutes environ

Pour télécharger le cours : 

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