78.Hilkhoth Shabbath – Cours N78
Boné-Construire – Huitième cours
Ohel – Faire une tente – Second cours
5 Mars 2017 – Rav Mordekhay Saksik
Cours enregistré pour le site Jardindelatorah.
Le cours a lieu dans les locaux de l’institution « Od Avinou Hay » que nous remercions.
Cours d’une heure et cinq minutes environ. Le cours est assuré via le système Webex qui permet une meilleure qualité de son.
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Cours dédié à la Réfoua Shéléma de Aharon Aléxandre Ben Routh
78ème cours de hilkhot chabbat OHEL
Dans le cours précédent on a vu que dans la melakha de boné il y a le din de assiat ohel, fabriquer une tente et qu’il y a deux types de tentes possibles :
– Tente fixe (ohel keva’) qui a une longueur minimale (toît d’au moins 8 centimètres ou s’il est en pointe il faut au moins 24 centimètres entre les 2 côtés) et qui va durer plus de 8 jours, c’est comme construire (interdit de la Torah).
– Tente provisoire (ohel haray) faite pour durer moins de 8 jours (interdit dérabanane)
Si on a une cloison qui tient bien (au vent), si elle est fixe c’est (dure plus de 8 jours) c’est un interdit de la Torah (Boné). Si elle est provisoire et est faite pour une raison (pudeur), c’est permis; si c’est fait pour permettre quelque chose d’interdit pendant Chabbath comme une Soukka ou un domaine, alors c’est interdit Dérabbanane.
Si je rajoute sur un Ohel provisoire, il y a déjà un Téfa’h (8 centimètres) étendu avant Shabbath et que je vais rajouter; par exemple nous avons vu le cas d’une poussette qui n’a pas du tout de toit et je vais mettre un toit (étendre un plastique dessus), je crée un toit provisoire c’est interdit pendant Shabbat par ordre rabbinique; par contre s’il y avait un toit et que je rajoute à ce toit alors c’est permis.
Cas du chapeau Méxicain, il est interdit car Il a un rebord de plus de 8 cm (un Téfa’h), il est fait pour se protéger. Lorsque je le pose sur ma tête je crée un Ohel. Par contre lorsqu’il s’agit d’un chapeau (homme ou femme) « classique », c’es permis de le poser sur la tête car la bordure est flexible et on ne le met pas forcément pour se protéger mais pour l’esthétique.
Din du parapluie suite :
On parle d’un cas où on a le droit de porter. Supposons que c’est un parapluie déjà ouvert.
Quelques poskim (décisionnaires) ont essayé de trouver des arguments pour permettre le parapluie :
- « Le parapluie étant déjà fabriqué (parapluie ouvert); ce n’est pas que je fabrique un Ohel puisqu’il existait déjà avant. Je prends juste un parapluie d’un endroit et je le déplace d’un endroit à un autre endroit »
Ceci n’est pas un bon argument puisque le parapluie prend sa fonction quand il est au-dessus de la tête. Donc au moment où je le mets sur ma tête ça s’appelle qu’il rentre en fonction ce qui est comme fabriquer un Ohel. C’est comme si j’avais étendu et dresser un drap sur 4 poteaux,
Dans la mesure ou c’est pour me protéger (fonction de l’objet) que ce soit un chapeau mexicain (plus d’un téfa’h = 8 cm sur les bords) ou un parapluie, dès que je le mets au-dessus de ma tête il entre en fonction et c’est cela qui est assour (interdit) : j’ai dressé un ohel provisoire. C’est le même principe que mettre un drap sur quatre poteaux.
- « Quand je fabrique un toit je le pose, il est fixé, je ne le tiens pas avec ma main, tandis que le parapluie je le tiens à la main. Le cas de tenir un parapluie à la main ne serait-il pas différent du cas d’un toit que j’aurais fixé sur des poteaux ? »
Il n’y a aucune différence parce que le parapluie a pour fonction de protéger de la pluie et que c’est son usage normal.
Regardons ce que la guémara (Talmoud) rapporte : le cas d’un mort étendu en plein soleil pendant Shabbat qu’on ne peut pas déplacer car il est mouktsé. Alors pour protéger le mort du soleil (un intérêt) on apporte deux lits, deux personnes s’assoient à chaque bout et tiennent un drap au-dessus de leurs têtes avec leurs mains. Ensuite ils lèvent les lits, les dressent pour faire des me’hitsot (cloisons), comme des poteaux. Ils ont donc fait un Ohel mais en inversant l’ordre habituel : ils ont commencé par le toit (en tenant le drap avec leurs mains) et après seulement ils ont fait les « murs » (en dressant les lits). Au lieu de faire de bas en haut ils ont fait le Ohel de haut en bas : à l’inverse, ce qui est inhabituel.
Lorsque l’on fait un Ohel provisoire en changeant l’ordre habituel de sa fabrication alors c’est permis.
Ainsi partant de la guemara autorisant qu’en tenant le drap au-dessus de leur tête il est permis de protéger le mort du soleil, certains poskim (décisionnaires) ont dit que c’est pareil pour ce qui est de mettre un parapluie sur sa tête (qui serait permis selon eux). Seulement il y a une grande différence, car dans le cas de la guemara, étendre le drap comme un toit sur la tête avec ses mains pour ensuite venir faire les murs avec les lits, c’est un chinoui (c’est bizarre, anormal) de procéder dans cet ordre. Tandis qu’un parapluie est fait pour être étendu au-dessus de la tête, il n’y a rien de bizarre à tenir en main un parapluie au-dessus de sa tête puisque c’est la manière habituelle dont on se protège de la pluie.
Et c’est cela la différence : dans le fait que ce soit habituel ou inhabituel. En conclusion, il est interdit d’utiliser un parapluie, même déjà ouvert, pendant Shabbath.
A Sim’ha Torah par exemple il y a un Minhag (coutume) de certains qui ont l’habitude de dresser un talith au-dessus de la tête des enfants quand ils montent à la Torah. Or comme dans le cas de la guémara, le fait de tenir le talith au-dessus de la tête des enfants c’est anormal comme utilisation du talith [ou un drap] (bien que ce soit un Ohel provisoire), c’est donc un chinoui et c’est pourquoi cela est permis.
En résumé, il y a deux manières de fabriquer un Ohel (interdites):
- mettre quatre poteaux et étendre par dessus un droit, même si c’est de façon provisoire ;
- faire un toit, sans cloisons (Mé’hitsot) comme le cas du chapeau méxicain ou du parapluie, qui sont des utilisations normales.
Par contre, il est permis de faire un Ohel haray lorsque je le fais :
- soit en inversant l’ordre habituel de fabrication (en inversant)
- soit de façon anormale c’est-à-dire avec un chinouï
Dans tous les cas il est interdit de sortir avec un parapluie dehors pendant Shabbat. On ne peut pas dire que c’est comme un habit parce que c’est quelque chose qui est extérieur à moi. Le parapluie est donc Mouktsé puisqu’il y a un issour de l’utiliser et ça s’appelle faire un Ohel.
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EXEMPLES PRATIQUES :
1- Pendant Shabbat j’ouvre deux tréteaux afin de poser une planche par-dessus pour dresser une table. C’est un Ohel haray, dressé de manière habituelle sans chnouï.
2 – Je monte un lit parapluie (on ouvre le lit et on y met une planche à l’interieur en guise de sommier); ai je le droire de monter ce lit pendant Shabbath. Dans ce cas il est supposé qu’il il y a au moins un espace d’un téfa’h (8 cm) en dessous (entre la planche du lit et le sol).
3 – J’ai un lit à tiroir (sous le cadre du lit) où on peut mettre des objets et je décide de mettre une planche par-dessus pour pouvoir mettre mon matelas.
Dans ces trois cas ai-je fabriqué un Ohel permis ?
On parle maintenant d’un autre type de ohel. Il y a des ohel qui ne sont faits que pour se mettre en dessous du Ohel comme : pour se protéger de la pluie, du soleil etc. Mais personne ne va aller s’asseoir dessus, personne ne va s’asseoir par exemple sur le drap que j’ai dressé sur mes poteaux.
Dans le 3ème exemple (du lit à tiroir), l’essentiel du ohel que j’ai fabriqué est destiné à s’asseoir dessus (sur le lit). Mais en mettant la planche j’ai aussi fabriqué un ohel en dessous, en bas, puisque je vais pouvoir utiliser l’espace de ce tiroir fermé (comme en y stockant des objets).
On parle donc ici d’un autre type de Ohel où l’essentiel se situe au-dessus bien qu’un Ohel se soit formé par voie de conséquence en dessous.
Et pour que cela soit interdit il faut 3 conditions :
- Qu’il y ait dans mon Ohel en dessous : des me’hitsot (cloisons) fermées des 4 côtés
- Et Que j’utilise en dessous cet espace fermé (comme en y stockant des objets par exemple)
- Et que je le fabrique du début à la fin : je place les Me’hitsot et ensuite je mets la planche etc. (Si je posais seulement ma planche et mon matelas alors que les mekhitsot auraient été déjà en place avant Shabbat, cela aurait été permis); contrairement au cas du drap où même si les Mé’histot sont déjà en place il est interdit de poser le drap par dessus.
Dans ce cas l’essentiel est au dessus de l’Ohel et non en dessous.
Ainsi dans le 1er exemple (les tréteaux) comme dans le 2ème exemple (lit parapluie) il est permis de mettre la table avec des tréteaux parce que ce n’est pas fermé dessous (il n’y a pas de me’hitsot qui arrivent jusqu’en bas des 4 côtés de la table ni du lit parapluie) et mon but dans les 2 cas n’est pas d’utiliser l’espace d’en dessous. Mon but est seulement d’utiliser au-dessus de la table et du lit parapluie. Dans le cas du lit à tiroir, en fermant on a des Mé’hitsot et on utilise l’espace en dessous, donc c’est interdit (j’ai « fabriqué » un Ohel).
Si la structure de lit est déjà formée et je ne mets que la planche c’est permis (du fait de la 3ème condition ci-dessus). Si je veux déplacer ce lit d’une chambre à une autre; pour que je puisse le déplacer de manière permis, j’appelle 2 personnes qui tiennent la planche (et je monte à l’envers), d’abord je tiens le haut et ensuite je mets le bas.
Précision : la Mé’hitsa si elle arrive dans les 3 Téfa’him du sol (24 cm), on considère qu’elle arrive au sol (par exemple les barreaux du lit. Pour parler d’un Ohel il faut au moins un Téfa’h (8 cm) pour le Ohel.
Denier point de ce cours, le fait d’utiliser un Ohel déjà fabriqué avant shabbat est permis puisque l’interdit est de fabriquer le ohel.
Par exemple, j’ai un lit mural à la verticale (qui a 4 mé’hitsote et qu’on utilise en dessous) que je décide d’abaisser à l’horizontale. En le positionnant horizontalement on le fait reposer sur ses pieds j’ai donc « fais » un Ohel en dessous. Pareil pour une chaise pliante (de l’époque de la Guémara) : en la dépliant j’ai formé un Ohel en dessous (un sorte de casier).
Dans les 2 cas la Guémara dit que c’est Moutar (Permis), avid békay c’est à dire que le Ohel était déjà fabriqué et déplier ce n’est pas construire. Le isour est de fabriquer un ohel.
Le Mishna Béroura rapporte le cas de la Houppa déjà fabriquée (un drap collé à quatre batons). Le Ohel est déjà formé je peux donc l’étendre pendant Shabbath.
Il est donc permis par exemple d’ouvrir un parasol fixé à une table de jardin puisqu’il est déjà fabriqué et que je ne fais que le déplier; je n’ai pas amené quelque chose sur moi car il est fixé au sol [il est à noter que le Rav Ovadia Yossef indique qu’il est bon d’être strict et ne pas utiliser le parasol et le Rav Moshé Lévy permet]. J’est un changement d’état pas une « fabrication ».(Contrairement à l’utilisation d’un parapluie déjà ouvert que je viendrais mettre au-dessus de ma tête pour me protéger ce qui est assour [interdit], car en le mettant sur ma tête je fabrique le parapluie; il n’y a pas de problème à ouvrir le parapluie [à part que le parapluie est Mouktsé]).
De la même façon si je prends une carafe vide et que je la retourne pour la mettre sur un aliment que je veux protéger des mouches, c’est permis. Parce que le genre de ohel que je fais (en mettant la carafe à l’envers sur l’aliment) était déjà fabriqué avant (la carafe avait déjà des mekhitsot, son toit etc.) Si je ne fais que changer l’état, la situation du ohel alors c’est permis et ça ne s’appelle pas fabriquer un ohel.
En résumé
- Fabriquer un ohel c’est donc fabriquer du début jusqu’à la fin.
- Mais s’il est fait pour se protéger même si je ne fais que le toit cela s’appelle déjà faire un ohel et c’est assour.
- Lorsque je dispose d’ un ohel en dessous mais que ma principale utilisation se situe au-dessus alors il faut se référer aux 3 conditions vues précédemment (si utilisation de l’espace du dessous + mekhitsot fermées des 4 côtés + fabrication du ohel de A à Z = assour).
- Si la chose (carafe, parasol) est déjà fabriquée et que je me contente de la changer d’état, de situation alors ça ne s’appelle pas faire un ohel.
Ainsi et puisque nous sommes dans la melakha de Boné l’interdit du ohel reste donc sa fabrication.
Durée du cours : 64 minutes environ
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