Divré Torah Chavouot – 5776 – Yehouda Moshé Charbit
Ce cours « Divré Torah Chavouot » est pour la réfoua shéléma, la guérison pleine et entière de laura alya esther bat haya danielle
Nous vous recommandons vivement le site de Y. M. Charbit : Yamcheltorah
Pour télécharger le fichier correspondant : Télécharger “Divré Torah Chavouot 5776 - Y. M. Charbit” chavouot-5776.pdf – Téléchargé 205 fois – 92,49 Ko
בס״ד
CHAVOU’OT
Une des lois de la fête de chavou’ot, consiste en la confection de deux pains qui doivent être présentés au beth hamikdach. Ces deux pains cachent une symbolique profonde, qui révèle l’ampleur de ce qui se dégage de la fête du don de la torah.
Pour commencer, il convient de s’arrêter sur un commentaire du ‘Hidouché Harim (sur chavou’ot), qui explique que ces deux pains symbolisent respectivement la torah et la prière. Il semble difficile de comprendre ce qui pousse le maître à confondre ces deux notions, et, malheureusement pour nous, il ne met pas en avant les raisons de cette corrélation. Qu’est-ce qui réuni ces deux pains aux notions que sont la téfilah et l’étude de la torah ? Si nous pouvons envisager un lien entre chavou’ot et la torah, il reste difficile de lier cela avec les deux pains et plus encore avec la téfilah.
Tentons d’approfondir ce sujet et tenter de comprendre.
Le Sfat Émet (sur chavou’ot, année 641 et 643) reprend cet enseignement et nous laisse quelques pistes de réflexion. Il évoque la lecture de la méguilat routh pendant chavou’ot comme conséquence de la nécessité de joindre la téfilah à la torah. En effet, la méguilat Rouh raconte l’origine de la naissance du roi David qui écrit « ואני תפילה Et je suis prière ». En somme, le don de la torah doit être accompagné de la notion de prière. Plus encore, ces deux pains trouvent un lien avec la fameuse phrase prononcée par les bné-Israël avant de recevoir la torah : « נעשה ונשמע nous ferons et nous entendrons »
Les choses semblent plus obscures qu’éclaircies, mais la suite va nous permettre de comprendre. Comme chacun le sait, avant de recevoir la torah, les bné-Israël ont été confrontés à un ennemi terrible. Cet ennemi n’est autre qu’Amalek, qui s’en ait pris à nous alors que nous sortions fraichement de l’esclavage. Suite à la guerre que nous avons mené contre lui, la torah dit (chémot, chapitre 19, verset 2) : « וַיִּסְעוּ מֵרְפִידִים, וַיָּבֹאוּ מִדְבַּר סִינַי Partis de Refidim, ils entrèrent dans le désert de Sinaï ». Immédiatement après avoir vaincu Amalek, nous avons pu recevoir la torah. Cela connote, combien le don de la torah et cette guerre contre notre ennemi sont intriqués.
La provenance de ce peuple nous fournie une indication importante pour la suite de notre développement. En effet, le Yalkout Réouvéni (sur parachat ki testé) enseigne que les forces négatives alimentant Amalek proviennent de l’association des forces d’Essav et d’Ichmaël.
À ce titre, le Torat ‘Haïm (sur avoda zara 2b) écrit que les deux mots prononcés par les bné-Israël, « נעשה ונשמע nous ferons et nous entendrons », viennent en totale opposition aux forces d’Amalek. D’une part, le « נעשה nous ferons » vient lutter contre Essav, dont la racine (‘assouï) est la même hébraïquement, tandis que le « ונשמע nous entendrons » fait face à Ichmaël qui signifie « Il entendra », dans le sens où ce peuple, par les souffrances qu’il va nous imposer, nous poussera à la prière pour qu’Hachem nous exauce.
À ce titre, la torah enseigne que lors du combat contre Amalek, le résultat de la guerre se tenait entre les mains de Moshé. Ce dernier, assis sur un rocher, levait ses mains au ciel et lorsqu’elles restaient orientées dans cette direction, alors Israël dominait, tandis que lorsque les mains de Moshé devenaient lourdes et qu’elles chutaient, Amalek gagnait du terrain. Cette mise en scène peut surprendre mais elle est lourde de sens. D’une part, la main est celle qui est mise en avant pour symboliser l’action, le fameux « נעשה nous ferons » et ainsi, Moshé combattait les forces d’Essav. D’autre part, l’orientation de ces dernières est indicatrice de la symbolique : lorsqu’elles visaient le ciel, Israël se renforçait car cela témoignait de leur confiance en Hachem. Lorsque notre victoire dépendait de nos prières, alors nous gagnions, et lorsque nous cessions de prier nous étions défaits. C’est donc pour s’opposer au « ונשמע nous entendrons » qui symbolise Ichmaël, que Moshé levait les mains.
Nous commençons donc à comprendre pourquoi, le ‘Hidouché Harim explique qu’à chavou’ot, les forces de la prière et celle de la torah sont jointes. Car au terme de ce combat duquel nous sommes sortis victorieux, nous avons directement obtenu la torah. Ce qui signifie que la mise en échec des forces d’Amalek, et donc la mise en avant des forces de l’action, c’est-à-dire celles de la torah, et celles de la prière, nous ont mené à l’obtention de la torah. Il s’agit de deux pré-requis au don de la torah.
Ceci vient nous expliquer la phrase connue qu’Yitshak a prononcé « הקול קול יעקב la voix est la voix de Yaakov ». La raison pour laquelle le mot « קול la voix » est bissé, vient nous apprendre que Yaakov dispose de deux atouts dépendants de la voix. Or, les deux mitsvot qui sont caractérisées par la voix sont bien l’étude de la torah, qui doit mener à la pratique, ainsi que celle de la prière.
En ce sens, peut-être pouvons-nous comprendre la corrélation avec les deux pains que nous présentons à chavou’ot. Comme nous l’avons déjà vu, le pain et plus précisément le ‘Hamets qu’il contient, représente le mauvais penchant, l’inclinaison vers le mal. Or, par définition, le substrat du mal n’est autre que le peuple d’Amalek. En effet, la valeur numérique de ce mot est la même que le mot »safek » le doute. Cette nation est celle qui sans cesse, insinue le doute dans le cœur de l’homme, le doute, sur la pratique des mitsvot, sur l’existence d’Hachem. En ce sens, nous présentons au jours de chavou’ot ces deux pains pour démontrer qu’au jour du don de la torah, nous cherchons doublement à nous séparer de ce doute.
Puisque le pain vient ici témoigner de notre affirmation de l’existence d’Hachem, en opposition au doute que représente Amalek, nous comprenons pourquoi, chaque pain représente la prière et la torah, car il s’agit des deux forces nourrissant le « נעשה ונשמע nous ferons et nous entendrons » qui fait face à Essav et Ichmaël. Nous cherchons donc à repousser Amalek jusque dans son essence.
C’est cela que vient signifier la lecture de la méguilat Routh : la torah ne peut être dissociée de la téfilah. Ce texte vient rappeler la venue de l’homme qui symbolise la notion de la prière au plus haut degré, à savoir David Hamelekh. Auteur des plus belles louanges d’Hachem, David n’a de cesse de prier le Maître du monde au point de dire « ואני תפילה Et je suis prière ».
D’ailleurs, il est intéressant de noter que la prière et la torah sont nos deux armes contre le mal, chacune à un niveau différent. Nos sages qualifient la torah de remède contre le mauvais penchant, elle est la seule qui nous permette de nous y soustraire. De même, lors de nos échecs, lorsque le mal domine, alors cette fois, c’est la prière qui est notre recours, car elle est le seule moyen d’invoquer la miséricorde. Nous pourrions grossièrement dire que la prière est l’atout de la miséricorde, tandis que la torah est celle du la justice. En ce sens, que la torah justifie nos mérites au sens de la justice, tandis que la prière nous absout par le biais de la miséricorde.
En ce jour où nous recevons la torah, il convient donc de renforcer nos prières, et demander au Maître du monde de nous octroyer une perception plus grande encore de Sa connaissance au travers des merveilles qu’Il nous permet de découvrir dans la torah qu’il nous redonnera durant la fête.
‘Hag Saméa’h.