Parashat Yitro
La Torah selon le Malbim: en route pour le don de la Torah (4)
Traduit et adapté par Rav Michael Smadja
Pour télécharger le fichier correspondant : Télécharger “Le Malbim: en route vers le don de la Torah (4)” La-Torah-selon-le-Malbim-en-route-pour-le-don-de-la-Torah-4.pdf – Téléchargé 240 fois – 91,66 Ko
Nous vous recommandons les trois premières parties :
- en route vers le don de la Torah (1)
- en route vers le don de la Torah (2)
- en route vers le don de la Torah (3)
Le Rambam dans « le guide des égarés » écrit que de la même manière qu’il y a trois systèmes de pensées dans l’appréhension du monde et de sa nouveauté ainsi il y a trois systèmes de pensées dans la perception de la prophétie.
De la même manière que dans la nouveauté de la création, le premier système de pensée est la pensée de Aristote qui appréhende le monde comme n’étant pas une création mais précédant tout et donc l’origine de tout. Le deuxième courant de pensée étant la pensée de Platon qui appréhende le monde comme étant une création mais qui a été créé par une matière qui a tout précédé et qui est à l’origine de tout. Et il y a notre Torah qui édicte que le monde est une création du néant, ex-nihilo. Ainsi dans la prophétie le premier courant de pensée est de dire que le créateur choisit n’importe lequel d’entre nous et fait résider sur lui la prophétie bien qu’il ne se soit pas préparé à cela. Le deuxième courant de pensée qui est la pensée des philosophes est de croire que la prophétie ne peut se matérialiser que dans une personne qui a atteint une perfection spirituelle. Mais lorsqu’il a atteint ce niveau de perception, la prophétie se déverse automatiquement sur lui, comme si l’homme ouvre une porte où la prophétie s’engouffre, rien ne pouvant empêcher ce dévoilement. Et le troisième courant de pensée est la pensée de notre sainte Torah qui explique qu’il est possible qu’un homme se prépare et affine ses qualités pour atteindre la perfection et qui est donc apte à recevoir la prophétie mais que tant que D-ieu ne le décide, l’homme ne peut recevoir la prophétie, car celle-ci dépend de la volonté du créateur.
Le Rambam fait dépendre ces trois courants de pensée dans la compréhension de la création du monde. A priori, il y aurait une contradiction car selon la pensée d’Aristote que le monde n’est pas une création et qu’il est l’origine de toute matière et donc indépendant d’une volonté divine, de même la prophétie devrait se propager automatiquement sans volonté divine mais avec une préparation au préalable de l’homme car celui-ci doit se fondre à la matière qui est son origine pour pouvoir percevoir son message puisqu’il n’y aucune volonté extérieur à lui. Et d’après l’avis de Platon qui dit que le monde est une création qui a été créé d’une matrice antérieure et donc derrière cette création, il y a une volonté divine et donc au niveau de la prophétie, il devrait penser que l’homme doit se parfaire lui-même car venant de la matière mais que cela dépendra au finale de la volonté divine. Et d’après notre sainte Torah qui prône que le monde est une création ex-nihilo donc complètement divine, la prophétie pourrait se diffuser sur n’importe quel homme même sans préparation au préalable car seule la volonté divine n’a de réalité. L’homme n’ayant aucune réalité en lui-même si ce n’est que D-ieu a décidé qu’il soit.
Mais si nous réfléchissons bien, nous verrions que ses paroles sont justes car nous avons déjà expliqué que la création du monde ex-nihilo ne s’est faite que le premier jour et que la création qui s’est réalisée les six autres jours était de l’ordre du « créé » c’est-à-dire à partir d’une matière déjà créée depuis le premier jour. Et ainsi le monde se perpétue continuellement. Cependant au don de la Torah où D-ieu a parlé à tout le peuple sans exception et tous ont reçu la prophétie bien que la majorité du peuple n’était pas préparée à cela et donc cela était comme une sorte de nouvelle création ex-nihilo et ainsi disent nos sages: « le jour du don de la Torah est aussi grand que le jour où ont été créés les cieux et la terre« . De la même manière que les cieux et la terre ont été créés ex-nihilo ainsi au don de la Torah il y a eu une nouvelle création ex-nihilo. Et donc à partir de ce moment où la prophétie est apparue ex-nihilo, elle a continué à se propager depuis cette origine qui est divine mais il faut à partir de là se purifier et se parfaire afin de se fondre en elle car la prophétie est déjà matérialisée depuis le don de la Torah.
Cependant, il y a une autre question qui se pose: pourquoi y a-t-il eu besoin d’un miracle aussi grand qu’il n’y a jamais eu depuis la première création? Un prophète qui veut prouver que sa prophétie est vraie par la réalisation de miracles n’est pas une preuve de la véracité de sa prophétie en elle-même et à plus forte raison celui qui veut prouver par des miracles qu’il est l’envoyé de D-ieu pour transmettre la Torah. Et bien qu’il nous a été ordonné d’écouter le prophète qui donnera un signe et un miracle tant que cela n’est pas une supercherie, cela ne peut suffire comme l’écrit le Rambam: « ils n’ont pas cru en
Moshé du fait qu’il a réalisé des miracles tant qu’ils ne sont pas arrivés au mont Sinaï car à ce moment leurs yeux ont vu le feu et les éclairs et se sont ouverts et ont perçu la vision prophétique et par cela a été rendue claire en eux la réalité de la prophétie comme il est dit: « ce jour-là nous avons vu que D-ieu parla avec l’homme et qu’il continue à vivre » et ils ont entendu que D-ieu dit à Moshé: » va et dit leur qu’ils retournent dans leurs tentes et toi reste avec moi et je te parlerai tous les commandements ». Pour cela D-ieu a voulu donner la Torah avec un extrême dévoilement et devant une multitude de gens (600 000 personnes) qui vont faire hériter ce cadeau qu’ils ont vu de leurs propres yeux à leurs enfants après eux jusqu’à la dernière génération. Pour cela tout celui qui se lèvera pour se prévaloir d’être l’envoyé de D-ieu pour donner la Torah à son peuple, il pourra lui être répondu ainsi: une Torah qui n’est pas donnée par D-ieu avec une extrême publicité n’est pas une Torah divine et surtout si elle vient annuler la Torah que nous avons reçue de Moshé. Il faudra lui répondre que D-ieu se dévoile lui-même aux yeux de 600 000 personnes avec un grand dévoilement au moment de ce don car la parole ordonnée à un seul prophète même si c’est Moshé, il y aura toujours un doute dans ses paroles et à plus forte raison un autre prophète autre que Moshé.