Divré Torah sur Parachat Chémot Par le Rav David A. PITOUN
Divré Torah Parachat Chémot
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4 Divré Torah Parachat Chémot (Le N°4 est tiré du livre Pitou’hé ‘Hotam de Rabbénou Ya’akov ABOU’HATSIRA z.ts.l)
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1) Les problèmes s’amplifient, la sortie n’est plus très loin !! (Divré Torah Parachat Chémot)
Voici les noms des Béné Israël qui vinrent en Egypte avec Ya’akov, chacun accompagné de son foyer. Réouven, Shim’on … (Shémot 1-1, 2)
Rashi (au nom du Midrash Rabba) : Même si le texte les a déjà recensés de leur vivant (voir Vaygash), il les compte de nouveau ici après leur mort, afin de faire connaitre l’affection qu’Hashem leur porte, puisqu’ils sont comparables aux étoiles qu’Hashem fait sortir et introduit en les comptant et en les nommant, comme il est dit (Isha’ya 40) : « Il fait sortir en nombre leur armée (les étoiles), et il nomme chacun (e) indépendamment. »
La comparaison des Béné Israël aux étoiles réside dans le fait « qu’Hashem les fait sortir et les introduit en les comptant et en les nommant ».
En effet, c’est dans la Parasha de Vaygash – où est relaté le début de l’esclavage, puisque c’est la Parasha où les Béné Israël pénètrent en exil – qu’ils ont été comptés par leurs noms par le texte.
Et ici, dans la Parasha de Shémot – où est relaté le début de l’histoire de la délivrance et de la sortie de l’esclavage – ils sont de nouveau comptés par leurs noms.
Pourtant, le Gaon et Tsaddik Rabbi Shalom Mordé’haï SHVADRON (Ha-Cohen) z.ts.l fait remarquer un étonnement :
Lorsqu’on parcourt notre Parasha de Shémot, on y découvre seulement l’enchainement de l’exil et non la sortie vers la liberté.
Selon cela, si l’on veut préserver la comparaison avec les étoiles, il aurait été plus logique de compter les Béné Israël à la fin de notre Parasha où l’on constate les premiers signes annonciateurs de la délivrance, et ainsi, la comparaison avec les étoiles qui sont nommées exclusivement lorsqu’elles entrent et lorsqu’elles sortent, aurait été plus précise.
En réalité, le dur esclavage que notre Parasha de Shémot nous relate représente le début de la délivrance !!
En effet, n’oublions pas que lors du pacte d’alliance établi entre Hashem et Avraham Avinou (Bérit Ben Ha-Bétarim), le décret d’esclavage était initialement prévu pour une durée de 400 ans ! Mais concrètement, ils n’y ont passé que 210 ans puisqu’ nous savons qu’Hashem – dans sa grande miséricorde – recalcula la difficulté de l’esclavage dans la « qualité » plutôt que dans la longueur du temps, la « quantité ».
A partir de cela, nous apprenons que ce n’est autre que la difficulté du terrible esclavage qui entraina l’accélération de la sortie des Béné Israël d’Egypte, et qui hâta le processus de la délivrance !!
Ce processus débuta concrètement par l’horrible difficulté de l’esclavage telle qu’elle nous est décrite dans notre Parasha de Shémot !!
C’est donc pour cela que les Béné Israël sont comptés par leurs noms dès le début de la Parasha de Shémot, puisque c’est véritablement ici qu’est enfouit le début de leur délivrance et de leur sortie vers la liberté.
Cela correspond parfaitement avec les étoiles qu’Hashem fait sortir en les comptants par leurs noms !!
Nous en retenons une grande morale :
Il arrive parfois que l’individu vit une longue difficulté.
Il se met à prier et à implorer Hashem afin qu’il mette une fin à ses problèmes.
Mais voici qu’au contraire, dès qu’il commence à prier, ses difficultés ne font qu’amplifier !!
Il se lamente intérieurement en se disant : « Voici, mes prières ne servent strictement à rien !! »
Mais nous avons appris le contraire !
Il est probable que c’est justement parce qu’Hashem a entendu ses prières qu’il a décidé d’amplifier ses souffrances dans « la qualité », afin de le délivrer plus rapidement sur « la quantité » !!
C’est grâce à la difficulté des souffrances que l’on pourra avancer sa délivrance. C’est donc grâce à ses souffrances qu’il est épargné du long châtiment initialement prévu pour lui !!
Il faut seulement s’armer de patience et se renforcer dans la foi, et l’on comprendra alors que nous n’avions pas de quoi nous lamenter !!
2) Le Shalom (la paix) mais pas à n’importe quel prix !!!
Ils asservirent les Béné Israël ave dureté. (Shemot 1-13)
Nos maîtres enseignent qu’au début, les égyptiens travaillèrent avec les Béné Israël, en les amadouant verbalement (le mot dureté dans ce verset se dit « פרך » « Fare’h » qui est la contraction des mots « פה רך » « Pé Ra’h » qui signifient « avec une bouche tendre »), afin que chacun fournisse un rendement au-dessus des ses possibilités.
C’est-à-dire : Pharaon réuni tout le peuple d’Israël et leur dit : « S’il vous plait, rendez-moi un service, travaillez pour moi un seul jour. » Pharaon prit les outils de travail et commença à construire. Lorsque les Béné Israël virent Pharaon en train de travailler, ils prirent eux aussi les outils de travail et commencèrent à travailler de toutes leurs forces, car ils crurent que cela n’était que provisoire.
Le soir, Pharaon leur plaça des hommes, et chargea les Béné Israël de compter de façon précise les briques fabriquées le jour même.
Il ordonna ensuite aux Béné Israël de fournir le même nombre de briques chaque jour. Si des briques manquaient, les Béné Israël étaient frappés et subissaient des tortures horribles jusqu’à ce qu’ils aient complété le nombre de briques.
Pourtant – fait remarquer Rabbenou Yossef ‘Haïm de Bagdad z.ts.l dans son livre ‘Od Yossef ‘Haï – on peut s’interroger :
Nous savons que tout ce que fait Hashem, il le réalise « Mida Kénegued Mida » (« Mesure pour mesure ») c’est-à-dire : il existe toujours une correspondance exacte entre le châtiment et la faute. Or, si les Béné Israël on subit la difficulté de l’esclavage en tombant dans une ruse de Pharaon, il est certain que ce n’est pas un hasard, et qu’apparemment, les Béné Israël ont eux aussi fait preuve un jour de ruse. Cette difficulté vient dans un contexte de « Mida Kénegued Mida », mais quelle est donc la faute des Béné Israël pour subir cette ruse ?
Nos maîtres nous disent que la difficulté de l’esclavage d’Egypte par la ruse était due aux Béné Israël parce qu’ils avaient vendu Yossef Ha-Tsaddik par la ruse.
En effet, même si le Shalom (la paix) est une bonne chose, malgré tout, il arrive parfois qu’il engendre de mauvaises choses.
Lorsqu’un homme désire réaliser le mal, il le fait souvent en réalisant d’abord le Shalom. C’est justement l’objectif de la prière adressée par le Roi David à Hashem : « Qu’une grande paix réside sur ceux qui aiment ta Torah, sans que cette paix soit pour eux un piège. » Qu’aucune mauvaise chose ne soit la conséquence du Shalom.
Les Shevatim (les 12 enfants de Ya’akov Avinou) ont fortement détesté leur frère Yossef, mais ne lui ont pas réellement exprimé cette haine, car si Yossef avait conscience de la grande haine dont il était l’objet, il se serait préservé de ses frères et n’aurait jamais accepté de s’isoler avec eux dans un champ. Mais ses frères se sont contentés de lui montrer de l’indifférence et non la véritable haine qu’ils éprouvaient pour lui. C’est pourquoi Yossef est tombé dans le piège en se retrouvant seul avec eux dans un champ, et ils ont fait ce qu’ils ont fait, jusqu’à décider de le vendre en esclave en Egypte.
Par conséquent, en punition à la vente de Yossef qui fut réalisée par la ruse, Hashem décida de punir les Béné Israël en leur infligeant la difficulté de l’esclavage d’Egypte, par la ruse de Pharaon qui leur demanda d’abord le travail d’une journée – où les Béné Israël travaillèrent au-delà de leurs forces – pour ensuite leur exiger la même quantité de travail chaque jour. Par cela, la faute de la vente de Yossef – que ses frères avaient commis par la ruse en ne lui montrant pas réellement la haine qu’ils éprouvaient envers lui – fut réparée.
3) Midrashim et commentaires sur la naissance de Moshé Rabbenou (recueillis dans le Mé’am Lo’ez du Gaon Rabbi Ya’akov KOULI z.ts.l)
La femme tomba enceinte, elle enfanta un garçon. Elle vit qu’il était bon. Elle le cacha durant 3 mois. (Shémot 2-2).
Yo’heved, l’épouse de ‘Amram, la mère de Aharon et de Myriam, tombe enceinte de Moshé Rabbenou.
On peut s’interroger sur les termes « Elle vit qu’il était bon ».
En effet, toute mère voit chacun de ses enfants « bons », même si parfois ce n’est pas toujours vrai !
Que veut dire « bon » ?
Tossafot Yéshanim, Rashbam et le Sifté Cohen :
Selon l’opinion qui pense que Moshé Rabbenou est un enfant prématuré, puisqu’il serait né à 6 mois de grossesse (voir Rashi et Yonathan Ben ‘Ouziel), Yo’heved n’était pas convaincu que l’enfant serait viable. C’est pour cela qu’elle l’examina et vit qu’il était « bon », qu’il avait tous ses membres et qu’il était en bonne santé.
Guémara Sota (chap.1) et Midrash Rabba sur Shémot :
Myriam était âgée de 6 ans et était déjà prophétesse. Elle avait vu par esprit prophétique que son petit frère serait choisit par Hashem pour être le libérateur d’Israël. Elle voulut donc en faire l’allusion et nomma elle-même son frère « Touvya » qui signifie « celui qui est bon pour Hashem ». D’où le terme « bon » employé par le verset (« Elle vit qu’il était bon »).
Eshel Avraham :
Yo’heved avait une grande maîtrise de la sagesse des lignes de la main.
Ces lignes indiquent le passé et l’avenir de l’individu.
C’est ainsi que Yo’heved compris que son enfant deviendrait un grand sage, un homme riche et complet en tout point. Ceci explique les termes « Elle vit qu’il était bon ».
Midrash Rabba sur Shémot, Zohar Ha-Kadosh, et livre ‘Amoudéha Shiv’a (chap.9) :
Le terme « Tov » (bon) s’explique par le fait que Moshé Rabbenou est né circoncis, et également par le fait que depuis le jour de sa naissance, la maison se remplie de lumière.
Midrash Rabba sur Vé-Zott Ha-Béra’ha :
Le jour de sa naissance, Moshé Rabbenou adressa la parole à son père et à sa mère. C’est le sens du mot « Tov ».
Elle ne put le cacher davantage. Elle lui prit un panier en osier qu’elle enduit de bitume et de poix. Elle y plaça l’enfant. Elle plaça le panier parmi les roseaux au bord du fleuve. Sa sœur (Myriam) se plaça de loin, afin de savoir qu’est ce qui allait advenir de lui. (Shémot 2-3 et 4)
Tossafot sur Sota (chap.1) :
Myriam attendit environ ¼ d’heure.
Le RANA’H (Rabbi Eliyahou IBN ‘HAÏM) :
Question : Pourquoi Yo’heved décide-t-elle de placer son enfant sur le bord du fleuve ? Pourquoi ne pas le laisser à la maison, et le confier à la miséricorde divine ?
Réponse : Yo’heved connaissait le conseil donné à Pharaon par ses astrologues, qui lui avaient prédis que le libérateur d’Israël devait périr dans l’eau, ce qui motiva Pharaon à décréter la mort de tous les enfants mâles, par la noyade dans le Nil. C’est pourquoi elle décida d’utiliser ce moyen pour annuler le mauvais décret, en plaçant son fils sur les rives du Nil. Ainsi, les signes annoncés par les astrologues de Pharaon se « réaliseront » d’une certaine manière, puisque Moshé Rabbenou subit de cette façon une situation similaire à celle prédite par les astrologues égyptiens.
Il en est de même dans la vie de tous les jours !
Il suffit parfois de subir une situation proche de celle décrétée par le Mazal, et la relative souffrance endurée peut annuler le décret initial.
La Guémara raconte des anecdotes à ce sujet :
Un jour, Rava rendit un jugement lors d’un litige entre deux parties, et la décision de Rava déplut à l’une des deux parties. L’homme mécontent maudit Rava en lui souhaitant que « que son trône se renverse », ce qui signifie qu’il soit destitué de ses fonctions. Les élèves de Rava prirent immédiatement le fauteuil de leur maitre et le renversèrent. Ainsi, la malédiction « s’accomplit », et leur maitre n’avait plus à la redouter.
Un autre jour, un homme maudit Rava en lui souhaitant que son bateau coule.
Les élèves de Rava prirent immédiatement des vêtements appartenant à leur maitre et les jetèrent dans l’eau, afin que s’accomplisse ainsi la malédiction de l’homme, sans que leur maitre n’ait à la redouter.
Et si l’on se pose la question : Pourquoi attacher de l’importance à la moindre parole proférée par n’importe qui ?
Nos maitres enseignent à différents endroits du Talmud :
« Ne sous-estime jamais la malédiction de qui que ce soit, même du plus insignifiant des individus !! »
Il est probable que depuis le ciel, on cherche à montrer à la personne concernée le mauvais décret qui plane sur elle, afin qu’elle réfléchisse à un moyen de réparation de ses fautes.
4) Le bâton et la Torah (Divré Torah Parachat Chémot)
(A partir des enseignements de Rabbenou Yaa’akov ABOU’HATSIRA z.ts.l)
Hashem lui dit : Qui y a-t-il dans ta main ? Il (Moshé) lui répondit : Un bâton. Il (Hashem) lui dit : jette-le à terre. Il le jeta à terre, et il se transforma en serpent, Moshé se sauva devant lui. Hashem dit à Moshé : envoie ta main et attrape-le par la queue. Il envoya sa main et l’attrapa, et il redevint un bâton dans sa main. (Shemot 4-2.3.4)
Rabbenou Ya’akov Abou’hatsira z.ts.l (dont on célèbrera la Hiloula dimanche 29 décembre au soir – 20 Tévet) fait remarquer – dans son livre Pitou’hé ‘Hotam – que le bâton fait ici allusion à la Torah.
En effet, nous savons que le monde tient essentiellement sur l’étude de la Torah, et également, que la raison essentielle de la destruction du monde est la négligence dans l’étude de la Torah, comme il est dit : « Pourquoi la terre (d’Israël) a-t-elle été détruite, Hashem dit : Parce qu’ils ont abandonné ma Torah. » Il faut donc s’adonner à l’étude de la Torah jour après jour, comme il est écrit : « Si tu m’abandonnes un jour, je t’abandonnerai deux jours ».
Nous retrouvons cette idée dans le verset au sujet du bâton.
Qui y a-t-il dans ta main ? Il (Moshé) lui répondit : Un bâton.
Or, le mot « bâton » se dit en hébreu « מטה » (« Maté ») dont les lettres de base (מט) ont pour valeur numérique le nombre de 49 qui correspond aux 49 façons de statuer sur l’impureté d’un élément et aux 49 façons de statuer sur sa pureté. Hashem voulut dire à Moshé Rabbenou que la Torah – représentée ici par le bâton – doit être préservée solidement dans la main de celui qui l’étudie, pour qu’il l’apprenne jour et nuit. Si nos mains s’affaiblissent dans l’étude de la Torah, on attire le serpent (le Satan), comme le dit notre verset : « Jette-le à terre. Il le jeta à terre, et il se transforma en serpent… » Pour nous apprendre que lorsqu’on s’affaiblit dans l’étude de la Torah, celle-ci se transforme en serpent, c’est-à-dire en accusateur, et plaide contre nous.
Hashem dit à Moshé : envoie ta main et attrape-le par la queue.
Lorsqu’un homme a abandonné la Torah et s’est laissé entraîner par son Yétser Hara’ (mauvais penchant), lorsque cet homme désire revenir vers Hashem, il doit agir de façon progressive et commencer par « attraper » un peu de Torah (comme la queue qui ne représente qu’une partie du serpent), car c’est de ce peu qu’il parviendra à accéder réellement à l’intégralité de la Torah.
Il envoya sa main et l’attrapa, et il redevint un bâton dans sa main. Même si une personne a abandonné la Torah, lorsqu’elle désire revenir vers le droit chemin, elle doit revenir à la source de l’étude de la Torah (comme la queue qui représente l’extrémité du serpent), et là, le bâton (le Satan) redeviendra le « Bâton du D. vivant ».
5) La Torah oui, mais pas sur le dos des autres ! (Divré Torah Parachat Chémot)
Lorsqu’ Hashem se révèle à Moshé Rabbenou au buisson ardent, et lui ordonne d’aller délivrer les Béné Israël d’Egypte, Moshé tente, dans un premier temps, de se dérober en prétextant différentes excuses.
Parmi les arguments de Moshé Rabbenou, nous trouvons :
Moshé dit à Hashem : « De grâce Hashem ! Je ne suis pas un bon orateur. Depuis hier, depuis avant-hier, depuis le moment même où tu m’as parlé, car j’ai la bouche et la langue lourde. » (Shemot 4)
Le Midrash Rabba (Shemot Rabba Parasha 3) nous apprend que le dialogue entre Hashem et Moshé Rabbenou au buisson ardent, a duré 7 jours, pendant lesquels, Hashem a insisté pour que Moshé Rabbenou accepte la mission d’aller délivrer Israël d’Egypte, et Moshé refusait systématiquement.
Le RAMBAN explique qu’en réalité Moshé Rabbenou craignait de blesser son frère aîné Aharon, en acceptant ce mérite d’être celui qui libèrera Israël.
Moshé pensait que lorsque tout le monde verra que c’est lui et non Aharon qu’Hashem a désigné pour cette mission, on penserait peut-être qu’Aharon n’est pas apte à cette tâche. Moshé considérait que le fait qu’il y ait, ne serait-ce que le moindre soupçon de faute envers son frère Aharon, invalide totalement sa sainte et Divine mission, de libérer Israël d’Egypte.
Jusqu’à ce qu’Hashem lui affirme qu’Aharon se réjouira de cela. Ce n’est que lorsque Moshé Rabbenou est assuré qu’il n’y aura aucune atteinte au respect de son frère aîné, qu’il accepte la mission d’aller libérer Israël d’Egypte.
Nous pouvons tout de même nous demander :
Moshé Rabbenou est investi par Hashem, de la mission d’aller libérer Israël d’Egypte. Pourquoi donc Moshé s’obstine à vérifier si le fait d’accepter cette mission n’entraîne pas le moindre soupçon de faute ? N’est-ce pas Hashem lui-même qui lui ordonne cette mission ?! Comment peut-on mettre face à face, la faute de porter atteinte au respect d’Aharon, et l’exécution d’un ordre d’Hashem ?!
En réalité, cette question n’en est pas une.
En effet, nous avons tendance à croire que lorsqu’une personne accomplit, durant toute sa vie, la Torah et les Mitsvot, elle est au-dessus de toute faute.
Cependant, les choses ne sont pas ainsi.
L’individu est tenu, durant toute son existence, d’évoluer en ayant une profonde réflexion sur le moindre de ses actes.
On doit toujours s’assurer qu’aucun dégât ne résulte de nos actions. On ne doit agir que lorsqu’on est certain que la volonté d’Hashem sera réalisée à travers notre agissement.
Or, il est certain que la volonté d’Hashem exigeait qu’Aharon ne soit pas vexé.
C’est ce dont Moshé Rabbenou voulait s’assurer avant d’accepter la mission, qu’il n’y ait dans ses actes pas le moindre manque.
C’est ainsi que l’on explique ce qui est rapporté dans la Guemara Yoma (72b) :
Rava dit aux Sages :
« De grâce, n’héritez pas de deux Guehinam !! »
Rava s’adresse ici aux érudits dans la Torah, en leur disant que même s’ils consacrent tout leur temps à l’étude de la Torah, malgré tout, s’ils n’analysent pas le moindre détail de leur comportement et de leurs actes, ils hériteront de deux Guehinam :
- Le fait de s’être adonné constamment à l’étude de la Torah, en se privant de toutes les jouissances de ce monde matériel, constitue déjà une « forme de Guehinam ».
- Lorsqu’ils arriveront devant Hashem pour être jugés, les négligences de leur comportement et de leurs actes leur feront hériter du Guehinam, malgré toute la Torah qu’ils auront étudiée !!
Nous pouvons constater à quel point Moshé Rabbenou nous apprend à vivre !
Avant de réaliser la moindre Mitsva, si importante soit-elle, nous devons nous soucier de notre entourage.
Personne ne doit subir notre accomplissement des Mitsvot !
Nous pouvons citer de nombreux exemples.
Parmi eux, un exemple malheureusement fréquent de notre époque :
De nombreux jeunes ont le mérite de faire Teshouva, et de retrouver le chemin de la Torah, en étant très méticuleux dans leur pratique du judaïsme.
Cependant, ils en arrivent parfois, et sans le vouloir, à transgresser la très lourde faute de manquer de respect aux parents, qui constitue l’une des plus graves transgressions de la Torah. C’est une expérience très difficile, car les enfants savent maintenant qu’ils sont spirituellement supérieurs à leurs parents qui eux, n’ont pas encore eu le mérite de percevoir la lumière de la Torah, et consacrent parfois encore leur existence à des futilités, alors que les enfants ont mérité de venir s’abriter à l’ombre d’Hashem, et élèveront leurs propres enfants dans la Torah.
Ces jeunes gens sont susceptibles de transgresser facilement cette faute gravissime, en ayant un sentiment de supériorité sur leurs parents.
Il faut une grande sagesse et beaucoup de réflexion pour s’épargner d’une telle situation d’humilier ses parents, qui est une très grave faute.
La pratique des devoirs religieux vis-à-vis d’Hashem (Ben Adam Lamakom), ne doit pas se faire sur le dos de nos devoirs envers nos semblables (Ben Adam La’havero).
Shabbat Shalom
Rédigé et adapté par Rav David A. PITOUN France 5774 [email protected]
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Article de l’auteur, Rav David Pitoun, initialement publié sur son blog http://ravdavidpitoun.blogspot.com/
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Article Divré Torah sur Chémot – Par le Rav David A. PITOUN mis en ligne le 7 janvier 2015. Mis à jour le 14 janvier 2020