Les dix plaies d’Egypte Rabbi Yaakov Abe’hséra
Les dix plaies d’Egypte
Rappelons les dix plaies d’Egypte : Sang, Grenouille, Vermine (poux), Bêtes sauvages, Peste, Plaies pustulantes, Grêle, Sauterelles, Ténèbres, Mort des premiers nés
L’explication suivante est tirée d’un livre très profond de Rabbénou Yaâkov Abihséra בּגדי השׂרד qui donne généralement des explications d’après le sens « caché », la mystique. Dans ce développement le « Abir Yaâkov »[1] fait un parallèle entre les dix plaies et les dix paroles (« dix commandements »).
Chacune des dix explications est indépendante des autres, lors de la soirée du Sedder on peut choisir un ou deux morceaux. J’ai personnellement choisi de découper selon le regroupement fait par Ribbi Yéhouda (lorsqu’il énonce son moyen mnémotechnique)
Il me semble que les dix plaies viennent en regard des dix paroles (10 commandements) ; les Egyptiens ont voulu empêcher les enfants d’Israël de recevoir la Torah et c’est en vue de la Torah qu’Hachem a créé le monde ; si les juifs n’avaient pas reçu la Torah, le monde serait retourné au « chaos » initial (Tohu-Bohu).
Pharaon et ses conseillers suivaient les voies des ténèbres (le mal) et toutes leurs pensées étaient de trouver des moyens d’empêcher les Hébreux de sortir; finalement selon leur folie que serait-il advenu de la Torah ? Mais leur cœur s’est bouché à toute compréhension de ce qu’ils voyaient (les plaies) car c’est l’habitude du côté du mal (Sitra A’hara) : ceux qui le poursuivent ne font pas attention à ce qu’il adviendra au bout du compte ; en conséquence les dix plaies sont en regard des 10 paroles (10 commandements) pour leur montrer qu’ils ont reçus les plaies en « remboursement , en échange» car ils voulaient empêcher les Hébreux de recevoir les dix commandements [et donc une plaie pour chaque commandement]. Et cela vaut largement que les Egyptiens et 1000 fois plus disparaissent plutôt que les Israélites ne reçoivent pas les 10 commandements.
Chaque plaie vient face en regard d’un des dix commandements mais dans l’ordre inverse (première plaie en face du dernier commandement, etc. …, dernière plaie face au premier commandement).
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Les dix plaies d’Egypte Rabbi Yaakov Abe’hséra
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Première plaie : le sang
La première plaie, דם le sang est en regard de « tu ne convoiteras point », car la convoitise vient de l’échauffement du sang (des passions) ; de plus les lettres qui suivent דם sont הן (de valeur numérique 55), si on rajoute le nombre de lettres cela fait 57 qui est la valeur numérique que חמדה (57) qui signifie convoitise.
C’est ce qui leur est signifié en allusion par cette plaie : vous Egyptiens voulaient empêcher ce peuple saint prêt à prendre sur lui la Mitsva de ne pas convoiter et de ne pas la transgresser même si le sang s’échauffe et le cœur s’échauffe en nous pour convoiter et désirer, pour l’honneur de Son Saint Nom les enfants d’Israël se renferment sur eux-mêmes et attendent que la passion se calme, que le sang se refroidisse.
En conséquence, en regard de cela [les Egyptiens ne voulaient pas les laisser recevoir la Torah dans laquelle il est interdit de convoiter, alors ils ont été frappés par une plaie qui porte en son nom une allusion à la convoitise, les autres passages sont sur le même registre] l’Eternel a envoyé aux Egyptiens cette plaie du sang, selon le principe « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה.
Seconde plaie : les grenouilles
La seconde plaie, les grenouilles, vient en regard du commandement ordonnant de ne pas faire de faux témoignage. Car le mot grenouille צפרדע peut se décomposer avec les mots פּרץ עד «enfreint témoin ». En effet, celui qui fait un faux témoignage enfreint les règles du monde et renie le fait qu’Hachem surveille la création (la présence divine dans Son monde et le fait qu’Il s’occupe et surveille de tout un chacun et sait que quelqu’un profère un faux témoignage ; s’il avait la foi que l’Eternel le « regarde » il ne pourrait pas transgresser).
Car s’il croyait qu’Hachem sait ce qu’il y a dans les cœurs il serait saisi de crainte et ne ferait pas de faux témoignage et donc il est certain qu’il renie, comme le dit le Roi David (que la paix soit sur lui) à propos de celui qui médit (Psaumes Ch. 12, v5) :
אֲשֶׁר אָמְרוּ, לִלְשֹׁנֵנוּ נַגְבִּיר–שְׂפָתֵינוּ אִתָּנוּ: מִי אָדוֹן לָנו
Ceux qui disent: « Par notre langue nous triomphons, nos lèvres sont notre force: qui serait notre maître? »
Voilà donc qu’il renie tout et ne témoigne pas que D.ieu est Maitre de toute chose, car tout a été créé pour Son honneur, pour Le louer, Le bénir et accomplir Ses commandements.
En conséquence, en regard de cela, les Egyptiens qui souhaitaient empêcher le peuple Saint qui était prêt à prendre sur lui le commandement « tu ne feras point de faux témoignage » et ne voulaient pas à plus forte raison qu’ils témoignaient sur la Divinité, Maître de toute chose, et son unicité, vinrent les grenouilles qui témoignent sur sa Divinité et punissent les Egyptiens selon le principe « comportement en fonction du comportement « מדה כנגד מדה».
Troisième plaie : les poux (Les dix plaies d’Egypte)
Les poux כּנים: cette plaie est en regard de « tu ne voleras point » ; le mot כּנים a une valeur numérique de 120 ce qui est deux fois 60. 60 est la valeur numérique du mot גנבה = vol. Car un voleur vole à la fois un être humain mais aussi la « connaissance de l’Eternel » ; en effet il ne croit pas que Hachem l’observe et voit tous ses actes (sinon il ne volerait pas). En fait, un voleur, avec sa pensée étroite considère qu’il réduit la possession de celui qui a été volé et que lui-même s’enrichit.
En réalité c’est l’inverse qui se produit car la personne volée voit sa perte compensée par l’Eternel et le voleur subit malédiction sur malédiction jusqu’à sa destruction comme le dit le verset
מְאֵרַת ה׳, בְּבֵית רָשָׁע
La malédiction de l’Eternel repose sur la maison du méchant
Et c’est bien là le comportement des poux qui viennent sucer le sang de l’homme pour se nourrir mais en fait courent à leur perte, ils vont se faire attraper et tuer ne pouvant pas s’enfuir.
En fait, ces poux que Hachem a fait se répandre en Egypte, Il leur a donné la force et la capacité de résister et les Egyptiens ne pouvaient plus les supporter ; ceci est « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה. De la même manière que les Egyptiens voulaient empêcher le peuple saint qui était prêt à prendre sur lui la Mitsva « tu ne voleras point » (d’accomplir cette Mitsva) ainsi il les a punis dans leur corps avec les poux qui volaient leur sang et les Egyptiens ne pouvaient plus se séparer de ces poux.
Quatrième plaie : les bêtes sauvages
Les bêtes sauvages ערוב, cette plaie est en regard de לא תנאף, tu ne commettras point d’adultère. En effet, celui qui commet un adultère provoque des mélanges de descendances[2]. Ainsi ערוב a pour valeur numérique 278, si on y ajoute 3 correspondant aux 3 lettres de la racine ערב on obtient 281 qui est la valeur de ערוה qui désigne toute relation interdite.
En conséquence les Egyptiens furent frappés de la plaie des bêtes sauvages « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה. . Ils voulaient empêcher le peuple saint prêt à prendre sur lui la Mitsva de « tu ne commettras point d’adultère » et ne pas mélanger des descendances avec d’autres, de pratiquer cette Mitsva. En conséquence les Egyptiens ont été punis par la plaie des bêtes sauvages.
Cinquième plaie : la peste (Les dix plaies d’Egypte)
La peste דבר, cette plaie est en regard de לא תרצח, tu ne tueras point, car ils voulaient empêcher le peuple saint qui était prêt à prendre sur lui la Mitsva d’interdiction du meurtre d’accomplir cette Mitsva. En conséquence les Egyptiens ont été frappés par la peste (meurtrière) en fonction du principe « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה.
Sixième plaie : les plaies pustulantes
שחין, les plaies pustulantes, cette plaie vient en regard de tu honoreras ton père et ta mère, or on trouve que l’Eternel fait ressembler Son propre honneur à celui des parents, comme il est écrit (Proverbes, Ch. 3, v9)
כַּבֵּד אֶת-ה׳, מֵהוֹנֶךָ;
Honore l’Eternel avec tes biens,
Et nous avons la même construction dans les dix commandements (Exode, Ch. 20, v11):
כַּבֵּד אֶת-אָבִיךָ, וְאֶת-אִמֶּךָ-
Honore ton père et ta mère,
Cela est mis en allusion dans le mot שחין, car ce mot lorsqu’on prend chacune des lettres qui le constituent : שי״ן חי״ת יו״ד נו״ן, si on prend la valeur numérique des lettres du milieu (ייוו) on obtient 32 ce qui est la valeur numérique du mot כבוד honneur, et le mot שחין (de valeur 368) lui-même à la même valeur que שוה לה׳ (367) auquel on ajoute un de l’expression elle-même (soit 368). C’est-à-dire que l’honneur dû au père et à la mère est équivalent à celui dû à l’Eternel. Lorsqu’on prend la valeur numérique des dernières lettres נתדן (504) on obtient la même valeur numérique que celle de la suite du verset אֶת-אָבִיךָ, וְאֶת-אִמֶּךָ (en ajoutant le nombre de lettres) !!
On voit donc que dans le mot שחין on a de nombreuses allusions à Honore ton père et ta mère, et de l’équivalence de cet honneur à celui dû à l’Eternel. En fait celui qui est effronté envers son père il est très probable que ce n’est pas son père ; de plus celui qui est effronté la maladie צרעת « lèpre » s’abat sur lui, comme il est écrit (Chroniques II, Ch. 26 v19)
וַיִּזְעַף, עֻזִּיָּהוּ, וּבְיָדוֹ מִקְטֶרֶת, לְהַקְטִיר; וּבְזַעְפּוֹ עִם-הַכֹּהֲנִים, וְהַצָּרַעַת זָרְחָה בְמִצְחוֹ לִפְנֵי הַכֹּהֲנִים בְּבֵית ה׳, מֵעַל, לְמִזְבַּח הַקְּטֹרֶת.
Ouzzia se mit en colère, tandis qu’il tenait en main l’encensoir à fumigation, et alors qu’il s’emportait contre les prêtres, la lèpre brilla sur son front, en présence des prêtres, dans le temple de l’Eternel, auprès de l’autel des parfums.[3]
sur son front se voyait son effronterie. Un autre raison de faire égaler le respect dû aux parents à celui dû à l’Eternel est que par les égards montrés aux parents, l’homme se ressaisit et fait un raisonnement a fortiori, car il se rend compte qu’à plus forte raison il doit honorer l’Eternel , car ses parents ne sont que les intermédiaires par lesquels l’Eternel a provoqué sa venue en ce monde et déjà cet individu doit être vigilant à l’honneur dû à ceux-ci, à plus forte raison doit il honorer l’Eternel qui a créé ce monde par bonté et « désire » donner du bien, a créé l’homme, lui a préparé de quoi subsister. Ne doit-il pas, à bien plus forte raison, servir le Créateur, bénir Son nom jour et nuit. A contrario, celui qui renie Ses bienfaits n’a pas de vie et de place dans ce monde mais doit rester isolé comme les lépreux.
De plus, le mot שחין a la même valeur numérique (368) que celle du mot אלקים (c’est le nom de D.ieu qui correspond à la justice rigoureuse) lorsqu’on écrit pleinement les lettres de ce mot comme cela אל״ף למ״ד ה״י יו״ד מ״ם (מלוי דיודי״ן) qui vaut 300, les 68 restants correspondent au mot חיים ce qui correspond finalement à l’expression usuelle חיים אלקים « D.ieu vivant ».
En conséquence, les Egyptiens qui voulaient empêcher cette sainte nation, qui était prête à prendre sur elle d’honorer ses parents par laquelle on en arrive par un raisonnement a fortiori à servir le D.ieu vivant חיים אלקים , d’accomplir cette Mitsva et a fortiori de servir l’Eternel, ont été frappés de la plaie des ulcères car ainsi ils se séparent les uns des autres (comme le lépreux).
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Septième plaie : la grêle (Les dix plaies d’Egypte – fin des plaies de la Parachat Vaéra)
La grêle, בּרד, cette plaie est en regard du respect du Shabbat. On sait en effet que les lettres qui sont prononcées avec une même partie de la bouche peuvent s’inter-changer. [4]
Les lettres dentales sont זשסרץ, le ר peut donc s’inter-changer avec la lettre ש. De même on a les palatales דטלנת on peut donc inter-changer le ד avec le ת. Ces deux transformations donnent le mot שׁבּת Shabbat.
La raison pour laquelle cette plaie vient en regard du Shabbat vient du fait que D.ieu a donné le Shabbat a son peuple pour le repos, la jouissance et Il a ordonné
אַל-יצֵא אִישׁ מִמְּקֹמוֹ–בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי
Que chacun demeure où il est, que nul ne sorte de son habitation le septième jour.[5]
Les Egyptiens voulaient empêcher le peuple saint qui était prêt à prendre sur lui le Shabbat qui est repos, jouissance sans transport d’objets d’un domaine à un autre, d’accomplir cette Mitsva ; il était juste que s’abatte sur eux la grêle et qu’ils soient atteints de souffrances et d’affliction et restent cloitrés[6] chez eux « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה
Huitième plaie : les sauterelles (Les dix plaies d’Egypte)
ארבה, sauterelles : cet plaie est en regard du commandement
לא תִשָּׂא אֶת-שֵׁם-ה׳ אֱלקֶיךָ, לַשָּׁוְא:
Tu n’invoqueras point le nom de l’Éternel ton D.ieu à l’appui du mensonge;
Lorsqu’on épelle chaque lettre (on remplit les lettres) du mot ארבה on a : אל״ף רי »ש בּי »ת ה »א (de somme 1039) on retrouve la même valeur que לא תשׂא שוא avec 1 en plus pour l’ensemble de l’expression (1038+1=1039).
Car, celui qui jure en vain provoque que les bêtes nuisibles viennent dans le monde et que les sauterelles dévorent les récoltes. De ce fait les Egyptiens qui voulaient empêcher le peuple saint qui était prêt à accepter cette Mitsva il est normal qu’ils aient été atteint par la plaie des sauterelles.
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Neuvième plaie : les ténèbres
חשך les ténèbres, cette plaie vient en regard du commandement
ֹלא-יִהְיֶה לְךָ אֱלֹקִים אֲחֵרִים
Tu n’auras point d’autre d.ieu que moi
La raison évidente est que celui qui pratique l’idolâtrie va dans les ténèbres בְּגֵיא צַלְמָוֶת (Téhilim 23 V4) dans une « terre sombre » (et Rashi explique que cela se rapporte à celui qui falsifie), car ces idoles sont « obscures » et ceux qui les servent marchent dans l’obscurité.
Donc comme les Egyptiens voulaient empêcher le peuple saint qui était prêt à accepter cette Mitsva de ne pas adorer une idole ; en conséquence les Egyptiens ont été frappés par la plaie de l’obscurité, « comportement en fonction du comportement » מדה כנגד מדה.
Dixième plaie : mort des premiers nés (Les dix plaies d’Egypte)
מכת בכורות – mort des premiers nés : cette plaie vient en regard du premier commandement
אָנכִי ה׳ אֱלֹקֶיךָ, אֲשֶׁר הוֹצֵאתִיךָ מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם
Je suis l’Éternel, ton D.ieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte
Ce commandement est équivalent à tous les autres réunis, comme l’enseignent les sages. Comme la plaie est équivalente à toutes les autres (de la même manière que ce commandement est équivalent à tous les autres), le début des mises en garde a été cette plaie (Exode Ch4 v23)
הִנֵּה אָנֹכִי הֹרֵג, אֶת-בִּנְךָ בְּכֹרֶךָ.
Eh bien! Moi, je ferai mourir ton fils premier-né.[7]
Egalement, comme le premier des « dix commandements » Je suis l’Éternel, ton D.ieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte a été dit de la « bouche » de l’éternel, en conséquence la mort des premiers nés a été faite par l’Eternel « en personne ».
Et comme les Egyptiens voulaient empêcher le fils aîné [premier] (de l’Eternel qu’est Israël) d’aller servir l’Eternel maître de toute chose, qui fut le « premier » dans le monde[8], en conséquence les Egyptiens ont été frappés par la mort des premiers nés.
[1] C’est le surnom de Ribbi Yaâkov Abihséra
[2] Le mot ערב voulant dire mélanger
[3] On a là un lien direct entre effronterie et « lèpre ».
[4] Ceci est rapporté dans les livres de grammaire ; ce n’est pas une invention de notre Rav, à D.ieu ne plaise.
[5] Il s’agit de ne pas transporter d’un domaine privé à un domaine public ou inversement.
[6] En prenant le sens strict du verset « que nul ne sorte de son habitation le septième jour ».
[7] Cet avertissement a été notifié alors que Moshé n’était pas encore revenu en Egypte ; il était encore réfugié à Midiane
[8] Antérieur à toute chose, premier Le concernant ne voulant pas dire grand-chose
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Article « les dix plaies d’Egypte Rabbi Yaakov Abé’séra » Mis en ligne le 19 Janvier 2015. Mis à jour le 8 janvier 2019. Remis à jour le 25 janvier 2020